Découvre mon parcours de rétablissement avec le trouble de la personnalité borderline. Entre défis et victoires, j'espère t'inspirer et te donner des clés pour avancer.
Avant le diagnostic du TPB
Mon parcours avec le trouble de la personnalité borderline (TPB) a commencé dès mon enfance, marqué par une peur intense et irrationnelle de l'après-mort. À seulement quatre ans, je me réveillais en pleine nuit, terrifiée par l'idée de me retrouver seule pour l'éternité, dans un noir absolu, incapable de ressentir ou d'utiliser mes sens. Cette terreur nocturne m'a fait sentir incomprise et profondément décalée par rapport aux autres enfants. Ce sentiment de décalage a persisté tout au long de ma vie.
À 18 ans, les symptômes du TPB se sont manifestés de façon brutale.
Je vivais une relation à distance avec mon copain au Brésil. Lorsqu'il est venu me rejoindre à Bruxelles, j'ai été submergée par une panique extrême. Je me suis retrouvée bloquée par la pensée intrusive suivante :
« Comment vais-je faire si un jour j'ai envie de rompre avec lui alors qu'il a fait cet énorme effort pour moi ? »
Cette anxiété a déclenché une série de symptômes accablants :
👉 dépersonnalisation ;
👉 sentiment de vide ;
👉 automutilation ;
👉 crises d’angoisse avec sensation de mort imminente ;
👉 crises de colère insoutenables ;
👉 peur extrême de l'abandon ;
👉 alternance entre idéalisation et dévalorisation de l'autre.
Je me sentais enfermée dans cette relation, et pourtant, la peur de l'abandon me poussait à manipuler inconsciemment pour être rassurée. Ces symptômes ont rendu la relation très difficile et ont finalement conduit à une rupture.
Après cette rupture, j'ai sombré dans une période de profonde angoisse, utilisant l'alcool, les cigarettes les jeux vidéo comme échappatoire. J'ai également pris des antidépresseurs pendant 1 an et demi.
Pendant plusieurs années, j'ai enchaîné les relations amoureuses, rongée par une dépendance affective. Chaque fois qu'une relation devenait stable, les mêmes symptômes refaisaient surface, me poussant à rompre à nouveau.
Je n’avais plus aucune estime de moi-même.
J'ai pensé de nombreuses fois au suicide, mais c’était impensable pour moi. La terreur de l’après-mort m'a empêchée de passer à l'acte. À cause de cela, je me sentais coincée dans la vie. Quand la vie est devenue terrifiante, chaque seconde étant vécue comme un supplice et une angoisse, j'ai su que je devais trouver un moyen de remonter la pente…
À 20 ans, j'ai été diagnostiquée avec un trouble anxieux généralisé (TAG).
Trois ans plus tard, j'ai découvert que j'étais à haut potentiel intellectuel (HPI) et hypersensible.
Bien que ces diagnostics aient apporté une certaine clarté, je sentais qu'il y avait autre chose.
Ce n'est qu'à 28 ans, après avoir consulté une neuropsychologue pour ce que je pensais être un trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH), que le diagnostic de TPB a été posé. Cette révélation, bien qu'extrêmement difficile à accepter (cela m'a pris un an), a été libératrice. Elle m'a permis de comprendre que j'étais responsable de mes comportements et que je pouvais les changer.
Si c'est plus clair pour toi, voici une petite chronologie illustrée :
Les outils de régulation
Depuis le diagnostic, j'ai mis en place plusieurs outils pour gérer mon trouble et améliorer ma qualité de vie. Mais il est également important de spécifier que bien avant ce diagnostic, j'avais déjà intégré de nombreuses routines et une hygiène de vie spécifique pour tenter de gérer mes symptômes.
De plus, chaque étape de ce processus est progressive et unique à mon parcours.
Voici ce que j'ai adopté :
➡️ Hygiène de vie saine : J'ai adopté une hygiène de vie très saine. Je m'assure de dormir suffisamment, car la fatigue aggrave mes pensées intrusives et mes émotions envahissantes. Je pratique régulièrement du sport, ce qui m'aide à sécréter des hormones du bonheur et à réguler mon humeur. Mon alimentation est équilibrée, ce qui contribue également à mon bien-être général.
➡️ Méditation et breathwork : Je pratique la méditation et le breathwork (avec Breathe with Sandy) quotidiennement pour me reconnecter à mon corps et apaiser mon esprit. La cohérence cardiaque est une autre technique que j'utilise pour gérer le stress et les émotions intenses. Ces pratiques sont devenues des habitudes ancrées dans ma routine, me permettant de réagir plus sereinement face aux situations stressantes.
➡️ Arrêt de l'alcool : Une autre étape importante de mon parcours a été de décider de faire un an sans alcool. J'ai réalisé que l'alcool était un moyen pour moi de fuir mes émotions, et j'ai décidé de m'en passer pour me reconnecter complètement à moi-même. Ce n'est pas facile, car je n'ai plus aucun outil pour anesthésier mes émotions, mais en même temps cela me permet de mieux les comprendre et de les gérer. Depuis que j'ai arrêté de boire, j'ai remarqué une amélioration significative de ma santé mentale.
"Depuis que j'ai arrêté l'alcool, mes pensées sont plus claires, mes émotions plus stables, et j'ai un meilleur contrôle sur ma vie !"
➡️ Sortie de la dépendance affective : J'apprends à combler mon besoin d'affection par moi-même et à me concentrer sur mon propre bien-être, au lieu de chercher constamment à être rassurée par les autres. Cela m'aide à construire des relations plus saines et équilibrées.
➡️ Thérapies psychocorporelles : En termes de thérapie, après avoir enchaîné 10 ans de thérapies classiques par la parole, j’ai décidé de tenter des thérapies psychocorporelles que je trouve particulièrement efficaces. L'EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) m'a aidée à traiter des traumatismes sous-jacents en reprogrammant la manière dont mon cerveau traite les souvenirs traumatisants. La Somatic Experiencing, de son côté, me permet de libérer le stress et la tension accumulés dans mon corps à cause des traumas. La thérapie par l'intégration du cycle de la vie (ICV) m'a aidée à explorer et à apaiser mes blessures émotionnelles en retraçant et en intégrant des expériences passées douloureuses.
➡️ Neurofeedback dynamique : J’ai suivi 10 séances de neurofeedback dynamique l’an passé. Ce traitement m’a aidée à défusionner de mes pensées et à me sentir plus consciente.
➡️ Théorie polyvagale : Je me suis également beaucoup formée sur la théorie polyvagale, la régulation du système nerveux et la fenêtre de tolérance. Cela m’a permis de mieux comprendre ce qu’étaient un trauma et la dissociation. Cela m’a beaucoup rassurée et m'a confirmé que j’étais sur la bonne voie pour guérir de mes traumas !
➡️ Communication non violente : En travaillant sur la communication non violente, en partageant mes besoins et en fixant mes limites, j’apprends petit à petit à m'accepter et à m'aimer pleinement. Je ne suis plus esclave du "people pleasing" et je trouve enfin ma place dans ce monde.
➡️ L'acceptation des émotions : Un aspect important de mon rétablissement a été l'acceptation de mes émotions. Pendant longtemps, j'avais tendance à culpabiliser énormément de me sentir différente, de ne pas pouvoir faire comme les autres, et de ne pas vouloir une vie "rangée".
"J'ai besoin de découvrir, d'explorer, de sortir de ma zone de confort, de changer, d'adapter et de m’adapter perpétuellement. J'ai décidé de voir ces traits comme une force plutôt que de vouloir faire comme tout le monde."
J'ai appris à accepter qui je suis, à écouter mon intuition et à m'écouter moi-même. C'est dur car je n'ai pas de "guide" et ce n'est pas ce que prône la société. Je me pose notamment beaucoup de questions sur le genre de relation que je veux (avec un homme ? une femme ? monogame ? relation libre ?). Parfois, cela me stresse énormément, et finalement, je décide de lâcher prise et de voir ce que me réserve la vie. J'accepte également de passer régulièrement par des moments de down. Et c'est ok. Je sais que c'est une émotion qui a besoin d'être écoutée, et je lui laisse sa place en sachant que c'est temporaire.
Où j'en suis aujourd'hui
Aujourd'hui, je me sens beaucoup mieux. Même si c'est encore loin d'être parfait !
J'apprends à m'aimer et à m'accepter, à combler mon manque affectif par moi-même et à me libérer de mes traumas.
Je continue de travailler sur moi-même chaque jour, en utilisant les outils que j'ai acquis. J'ai également rejoint la Maison Perchée, où j'ai suivi une formation d'initiation à la pair-aidance et aider d'autres personnes concernées.
En ce moment, à mesure que je me libère de mes traumas, beaucoup de souvenirs reviennent, plus de 500 par jour. Tellement de souvenirs que j'avais oublié !
Cela peut-être un jeu effectué avec une amie lorsque nous avions 6 ans tout comme un moment où j’étais assise en cours lorsque j’avais 22 ans, il y a de tout. Ce sont des vrais flash-backs !
Ces derniers mois, je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait et je me sentais donc seule et appeurée. Finalement, je pense que cela se produit parce que je sors petit à petit de la dissociation à mesure que je me sens de plus en plus en sécurité dans mon corps.
"C'est un long combat qui demande beaucoup de courage et de persévérance, et ce serait si simple de tout arrêter en reprenant l'alcool ou autre. Mais je tiens bon, car je sais que je suis sur la bonne voie. Et je continuerai de transmettre tout cela afin que d'autres personnes qui se sentent incomprises puissent se sentir moins seules."
Le chemin vers le rétablissement n'est pas linéaire. Chaque étape, même la plus petite, compte.
Step by step.
Garde espoir, sois patient.e et bienveillant.e envers toi-même et surtout garde courage et avance à ton propre rythme ! Tu n'es pas seul.e ❤️
Je t'envoie plein de good vibes et de boost,
Fio
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