Difficultés à se faire diagnostiquer
J’ai commencé à montrer des symptômes du trouble de la personnalité borderline (TPB) à l’âge de 15-16 ans.
Je vivais depuis quelques mois ma première relation amoureuse et c’est devenu très compliqué à partir de là, une « décompensation ». Toutes mes relations sont devenues compliquées.
J’ai commencé à ressentir une forte dysrégulation émotionnelle lors de situations de conflits, lorsque je ressentais de la frustration. Je partais en une énorme colère. Je pouvais être violente verbalement et physiquement, dirigée vers la personne ou moi-même (le plus souvent). Je me cognais la tête contre les murs, je me faisais mal.
C’était systématiquement suivi d’une attaque de panique intense, qui pouvait durer des heures, à en vomir du sang, si je n’étais pas sûre qu’on n’allait pas m’abandonner, malgré le désaccord et ma réaction inappropriée.
Je voyais des psys à l’époque (psychologues, psychiatres) dans le cadre d’une première dépression. Aucun ne semblait comprendre la gravité de ces violentes manifestations émotionnelles. On me disait : « c’est le passage normal de l’enfance à l’âge adulte ».
C’est vers mes 19 ans que mon médecin généraliste, qui m’aidait comme il pouvait et me prescrivait des antidépresseurs dans le cadre de mes nombreuses rechutes dépressives, a exprimé le fait que je lui faisais penser à un bipolaire ou à quelqu’un qui aurait un TPB. Il me conseille de tenter un psychiatre dans le but de me faire diagnostiquer. Je me renseigne sur le TPB. J’ai un déclic : je me reconnaissais dans tous les symptômes décrits.
J’en parle au psychologue que je voyais à l’époque et il rejette l’hypothèse : « Les borderline sont hospitalisés tellement ils vont mal, ce n’est pas votre cas ». J’explique que je sens qu’il y a quelque chose d’anormal chez moi, que je recommence à me scarifier mais en vain. Apparemment, moi, j’allais bien, j’étais juste un peu triste.
Je vis une rupture amoureuse peu de temps après et là, mon cauchemar se concrétise : on m’abandonne. Je pense à faire une tentative de suicide pendant deux semaines. Une nuit, je réveille mes parents, je me sens désespérée. Je reste aux urgences une journée, on conseille à ma mère un centre spécialisé dans la détection et la prévention de troubles psychiatriques. Là-bas, pour la première fois, on m’écoute, on n’invalide pas mes ressentis. Je passe des tests diagnostiques : bipolaire et borderline !
À partir de là, j’ai pu réellement aller mieux. D’une part, je pouvais enfin comprendre comment fonctionnait mon cerveau et on m’a proposé des soins adaptés dans ce centre (CATTP). J’ai eu un traitement qui aidait pour les deux troubles (thymorégulateur) et j’ai suivi une Thérapie Dialectique Comportementale.
Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas de ma faute si je suis « trop ». Ce que je ressens est réel et je travaille pour vivre avec. Je me considère aujourd’hui comme « adaptée » (j’ai une relation amoureuse stable, je suis des études, j’ai un job). Je pense que ces diagnostics et l’aide qui en a découlé m’ont changé et sauvé la
vie !
Renata