Le néant
Depuis mon entrée au collège, j'ai senti que quelque chose n'allait pas avec moi. L'enfant pétillante que j'étais a disparu brutalement, laissant place à une ado dépressive, et surtout... Vide.
Ce vide n'a cessé de grandir en moi. J'ai tout fait pour le combler et enfin me sentir exister. J'ai commencé par me plonger dans les études, essayer diverses disciplines (artistiques ou sportives). Mais le vide se faisant toujours plus prégnant, je me suis moins investie dans tous ces domaines, et j'ai commencé à plus aller vers les gens...
Le vide énorme en moi n'a cessé d'occuper une place énorme dans ma vie, et donc j'ai eu soif de nouvelles expériences plus dangereuses afin de me sentir exister. J'ai commencé par l'alcool et le tabac. Puis la marijuana. Puis l'ecstasy. Puis la cocaïne. Puis les opioïdes. Je me suis mise en danger à cause de mes abus de substances, me faisant agresser sexuellement, violée. Pendant ce temps-là, le vide était toujours plus présent : je foutais ma vie en l'air, je me sentais encore pire.
J'ai rencontré un homme qui m'a aidé à sortir de l'alcoolisme et à aller mieux. Ma vie redevenait plus stable, mais le vide était toujours là. Puis, avec le temps, je ne me sentais plus aimée, ni désirée : il avait beau me dire que si, je ne le ressentais plus. Le vide dévastateur est revenu. Et j'ai recommencé à me chercher de nouvelles passions pour atténuer tout cela, mais ce n'était pas suffisant.
Un jour, un ami m'a montré du désir, m'a écoutée sincèrement. Cela m'a bouleversée et a tout chamboulé. C'est comme si toute ma personne réclamait cette attention pour me sortir du vide accablant.
Avec lui, j'ai recommencé mes abus, en pire. Et ça a complètement déstabilisé mon équilibre fragile : j'ai pris plus de substances que jamais, tout en me perdant avec lui dans la nuit. Ces émotions contradictoires, si puissantes, mélangées à toutes ces substances, ont entraîné un tsunami psychique, dont je ne me souviens pas très bien tant ce fut traumatique, mais dont je sais que j'ai failli y rester pour de bon. J'avais fait une crise suicidaire. Et donc, fin 2021, j'ai fini en hôpital psychiatrique.
J'ai mis des mois à sortir de mon état semi-conscient dans lequel je me trouvais, et j'ai perdu le souvenir de quasiment tout ce qui s'est passé à ce moment-là. Ce n'est qu'en faisant du rangement dans mes papiers, en 2023, que je suis retombée sur ma lettre de sortie de l'HP, avec ce diagnostic : "CIM10 F60.3 : Personnalité émotionnellement labile".
Depuis, j'ai compris énormément de choses sur moi-même, et j'ai compris pourquoi je ressentais un tel vide, que j'avais cherché à combler à tout prix.
Red