Questions & convictions
J'ai 30 ans et ma vie depuis l'enfance a toujours été rythmée par l'abandon, mes parents ont divorcé lorsque j'avais 2 ans et j'ai été déracinée de ma région natale à 8 ans.
Quand j'ai découvert à mes 6 ans que mes proches pouvaient mourir, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, étant persuadée que cela pouvait arriver n'importe quand et cette simple pensée m'arrachait des larmes. J'ai toujours soigneusement évité les enterrements.
Enfant sensible, créative et imaginative, on me disait sans arrêt "Avec toi c'est toujours tout ou rien". Ma mère me hurlait dessus quand je me mettais à pleurer.
Addiction à la drogue dès mes 18 ans, dépenses à gogo pour combler le vide et crises de boulimie, je cherche toujours un moyen de m'évader tout en frôlant la limite, que j'en sois consciente ou non. J'agis très souvent selon mon instinct mais surtout sous ma grande impulsivité qui est un de mes grands traits de caractère.
J'ai peur du contact, que l'on me juge, qu'on ne puisse pas m'apprécier et ainsi me rejeter, j'évite alors tout évènement social et je suis persuadée d'être nullissime. Je peux être ma pire ennemie la plupart du temps.
J'ai vécu des violences sexuelles dont mon premier viol à 17 ans, des violences psychologiques, physiques, professionnelles et mon enfance s'est déroulée dans un environnement peu sécurisant.
J'ai vécu de nombreuses relations toxiques dans lesquelles je suis resté par peur du rejet, j'ai été une esclave en amitié comme en amour.
Mes émotions sont vives, intenses et très fluctuantes. Souvent on dit "jour après jour", chez moi c'est plutôt "heure par heure". Mes émotions sont comme la marée, positives quand celle-ci monte, négatives quand celle-ci descend. Mes colères peuvent être brusques et alimentées par de tous petits rien, pour autant la tempête peut s'éloigner en seulement quelques minutes.
Pour dépressuriser cette souffrance mentale, j'ai tendance à la décharger sur mon corps en pratiquant l'automutilation ou à ingurgiter de fortes doses de médicaments. L'envie de mourir est fréquente et j'ai tenté de me suicider il y a 3 mois.
Ma psychiatre qui me suit depuis 17 mois, m'a mise sous antidépresseurs il y a 11 mois et sous un thymorégulateur il y a 5 mois. Elle confirme les nombreux symptômes du TPB mais ne souhaite pas m'en dire plus car "un diagnostic n'est qu'une étiquette et cela est très mouvant dans le temps."
Je peux comprendre certains de ses arguments et pourtant elle comprend que j'ai besoin que l'on valide cette souffrance qui m'étreint depuis des années.
Je n'ai cessé de travailler sur mes problèmes, lire, prospecter, noter. Un jour mon grand frère m'a dit en toute bienveillance, "je ne t' ai jamais vu heureuse. " Je ne sais plus quoi faire, j'ai l'impression que l'on ne m'écoute pas, ce qui me pousse à croire que je ne suis qu'une imposture, ne cessant de me culpabiliser et de m'autosaboter.
Souvent, je pense que la mort pourrait être cette échappée, cette délivrance tant attendue.
Clémentine