Tu étais heureuse, ma fille !
Croyez-nous !
Au-delà de l'épuisement certain qu'il y a à passer par une myriade d'émotions en une fraction de seconde et plusieurs fois dans la même journée, ce qui est vraiment très dur à vivre, c'est quand tes proches refusent d'accepter que tu puisses être malade parce que ce n'est pas visible sur ton corps. Si je ne bave pas, si je ne suis pas en fauteuil roulant, si je ne suis pas internée alors je ne peux pas être malade, je m'invente des choses (pour faire mon intéressante, cela va sans dire...) !
"Mais tu as passé une enfance heureuse, ma fille !", m'a dit mon père, refusant d'entendre que pendant des années, j'ai dissimulé mon mal-être derrière une façade. Refusant d'accepter qu'il puisse être en partie responsable de ce que je suis aujourd'hui.
Mais papa, tu n'étais jamais là, tu ne sais pas... Tu ne sais rien de mes soirées passées à m'automutiler pour oublier la douleur intérieure. Tu ne sais rien du harcèlement scolaire ou sexuel que j'ai subi et que j'ai laissé faire car je pensais très fort ne pas avoir le droit de vivre. Tu ne sais rien de ce sentiment d'insécurité qui m'a habitée jusqu'à très récemment, la peur d'être abandonnée, de ne pas pouvoir être aimée, de ne pas être assez bien pour toi, pour les autres, pour le monde...
Tu ne sais rien parce que c'est moi qui vis tout ça au quotidien. Alors écoute-moi et crois-moi. Croyez-nous !
Capucine